Ont "collaboré" à cette série :

Agistrodon bilineatus taylori, Agistrodon piscivorus, Agkistrodon acutus, Agristrodon contortrix, Bitis gabonica, Boida dendrophyla, Bothrops neuwiedi diporus, Naja sp., Crotalus vegrandis, Crotalus viridis, Trimeresurus erythrurus, Trimeresurus, puniceus, Vipera daboï palestinae, Vipera xanthina.

Dans la Chevelure de Méduse

Une chevelure faite de serpents sifflants, un visage pétrifiant tout mortel qui le regarde, cet être extrêmement dangereux est Méduse. Elle finira décapitée par Persée. Du point de vue de l’historien, Méduse fut sans doute une reine d’une grande valeur guerrière. L’histoire de Méduse, comme celle des Amazones combattues par Héraclès, est le faible écho relictuel d’anciens conflits opposant des peuples patriarcaux à des peuples matriarcaux. Symboliquement, ces “Héros” mettent un terme aux derniers royaumes dirigés par des femmes. Ce thème se retrouve dans d’autres civilisations (Égypte, Indonésie, Chine, Japon, Aztèque) révélant ainsi le combat universel que font les hommes aux femmes.

Le mythe de Méduse s'est construit sur la dichotomie d'une chevelure serpentiforme à la sensualité létale, allégorie des assauts concupiscents des hommes et d'un regard les immobilisant à jamais, symbole de l’impuissance par excellence. Le regard est lié au désir, le regard fixe à l’obsession, il est source d'angoisse. Grâce à ce pouvoir, Méduse incarne l’érotisme chaotique qui attire et ensorcelle qui séduit et condamne. Cette puissance fait de Méduse l'archétype de la femme fatale dont les hommes doivent se garder. La conséquence implicite est que toute femme est mortifère, elle doit donc être mise sous contrôle. Les sociétés à primauté masculine n’auront cesse de s’en prémunir en cachant tout ou partie le corps des femmes. Cet aveu explicite de leurs tourments, de leur culpabilité inavouée institue une fin de non-recevoir à leurs éventuelles velléités d’indépendance, préambule indispensable à toute reprise du pouvoir.

Au cours du XXième siècle, les sociétés occidentales plaident en faveur du désir et de la libération des femmes à l'encontre du discours paternaliste moralisateur. Prenant le mythe de Méduse à contre pied, les mouvements féministes récusent le concept de la femme fatale par essence et suggère que la libération des stéréotypes ne peut venir que de la vision des femmes sur les femmes en se réappropriant leur corps et leur sexualité. Les anciennes structures de domination doivent céder le pas à des rapports d'égalité. La pérennité d’une Méduse ambivalente atteste durablement de ce rapport de force intemporel.

Nous continuerons encore longtemps à entendre siffler sa chevelure.